Le colostrum

Interruption des menstruations, changement d’hormones, peau plus douce et souple… Aussi incroyable que cela puisse paraitre, le corps d’une femme enceinte a un mécanisme particulier. Pendant les neuf mois de grossesse, il est préparé pour le grand jour. Les seins notamment prennent du volume puis sécrètent du colostrum, le premier lait de la maman à la suite de l’accouchement.

Sommaire :

Définition
Propriétés
L’arrivée du lait mature
La légende de « l’or liquide »

 


 

Qu’est-ce que le colostrum ?

Au moment même de l’accouchement, les seins produisent le colostrum, un liquide épais jaune orangé qui sera le premier lait de bébé (et d’ailleurs des bébés de tous les mammifères). Lors de l’accouchement, le placenta est expulsé ce qui provoque la chute spontanée de la progestérone et entraine ainsi le mécanisme de production du lait maternel. En effet, l’action de la prolactine se déclenche et la lactogenèse se met en place.

 

evolution du colostrum jour par jour
Évolution du colostrum, jour par jour – Crédits Amada44 [CC BY-SA 3.0], via Wikimedia Commons (modifié)

 

Les seins ne produisent quotidiennement qu’environ 50 ml de colostrum. Cette quantité peut encore varier en fonction de chaque maman. Cependant, il n’y a aucune inquiétude à se faire puisqu’il y en aura suffisamment pour nourrir bébé. Concrètement, le colostrum produit dépend des besoins de l’enfant. Trois ou quatre jours après la naissance, une mère produit en une journée près de 200 à 300 ml de colostrum. La production quotidienne de lait mature augmentera progressivement, puisqu’au fil des jours, elle atteindra environ 700 ml. Notons qu’en cas de prématurité, ce premier lait sera plus riche.

Le colostrum, du lait aux propriétés renommées

Des idées circulent sur les propriétés du colostrum, on dit souvent qu’il assure la croissance de l’enfant. Toutefois, ses composants ne sont pas du tout les mêmes que ceux du lait maternel. La quantité de calories qui s’y trouve est moins importante que celle qui est contenue dans le lait mature. Ce premier lait est surtout formé de protéines et d’immunoglobulines (anticorps).

En effet, son profil protéique est assez particulier. Si le taux de caséine (protéine lente du lait) est assez faible, celui des protéines qui protègent contre les infections est 2 à 5 fois supérieur. Parmi ces protéines aux propriétés anti-infectieuses figurent entre autres le lysozyme, la lactoferrine, et la lactoperroxydase.

Pour ce qui est des immunoglobulines, leur taux est 100 fois supérieur à celui du lait mature. Toutefois, il diminue au fur et à mesure que la sécrétion de lait augmente, mais la quantité totale destinée à l’enfant ne change pas. Concrètement, le colostrum peut être assimilé à un vaccin fournissant des anticorps protégeant le bébé des différentes infections.

La seconde utilité du colostrum est la protection et la facilitation du développement des organes, surtout du tube digestif. C’est un antioxydant et un anti-infectieux très puissant du fait des lactobacillus bifidus qu’il contient. Ce bacille essentiel chez l’homme entre dans le développement de la flore intestinale, un facteur indispensable pour la digestion et l’élimination du méconium, les premières selles de bébé. En effet, le rôle du méconium est d’assurer la protection de l’enfant qui passe d’un milieu stérile vers un milieu exposé à différentes bactéries.

Au troisième et au quatrième jour de l’accouchement, le lait commencera à monter pour prendre la place du colostrum. Voilà pourquoi les seins sont « remplis » et durs.

Quand le lait mature prendra-t-il le relai ?

La lactation comprend trois étapes précises. La première est la production de colostrum qui se fait pendant les premiers jours suivant l’accouchement. Puis, au cinquième jour, l’organisme produit ce qu’on appelle le lait transitionnel. Enfin, le lait mature apparaît autour du quinzième jour.

En ce qui concerne leur composition, les deux types de laits ne contiennent pas autant de protéine et de cellules anti-infectieuses que le colostrum. Cependant,ils sont plus nutritifs puisqu’ils contiennent plus de graisses et de lactose.

L’or liquide, encore méconnu…

Les différentes sortes de lait qu’une maman produit s’adaptent au développement de l’enfant. Cependant, certaines civilisations le privent de ce liquide extraordinaire. Dans l’ancien temps par exemple, on pensait que le colostrum était dangereux et que la mère ne pouvait allaiter son enfant que lorsque le lait commençait à monter ou même plusieurs semaines après l’accouchement.

Certaines tribus d’Afrique, d’Amérique latine ou d’Asie continuent à croire que ce liquide jaune orangé peut être mauvais pour l’enfant. Ils pensent qu’il entraîne différents maux comme le vomissement ou la diarrhée, et même la mort. D’autres aliments sont alors administrés jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de colostrum : lait animal, eau sucrée, tisanes, miel, bouillie de céréale et même vin ou huile. Pourtant, cela peut entrainer de dangereuses contaminations. Par conséquent, une forte sensibilisation s’impose pour faire comprendre aux familles que le colostrum porte bien son nom : l’« or liquide ».